Entré dans nos vies sans prévenir, le télétravail a fait officiellement ses premiers pas en Côte-d’Ivoire courant mars dernier. Commençons par définir (à nouveau !) ce mode de travail « agile » qui, tout compte fait, apparaît comme étant le grand gagnant du confinement. D’après Wikipédia : « Le télétravail est une activité professionnelle effectuée en tout ou partie à distance du lieu où le résultat du travail est attendu. Il s'oppose au travail sur site, à savoir le travail effectué dans les locaux de son employeur ». Pour continuer à l’intégrer comme une véritable alternative, il convient de dresser un bilan à miparcours de ce recours qui a été « subi » pour la plupart des salariés et managers, compte tenu du contexte dans lequel il a été mis en place.
Les défis
-Un néant juridique pour loi. N’étant pas envisagé dans nos textes juridiques, ces derniers ne font mention d’aucun cadre permettant de régir ce mode de travail. Ainsi, il n’a pas été instauré de réglementation spécifique sur le télétravail, ni dans le code, ni dans la convention collective interprofessionnelle. La mise en place du télétravail a été laissée à l’appréciation souveraine de l’employeur qui a dû définir (ou pas) le cadre avec l’employé. C’est un peu comme avoir un pays sans lois, comme regarder un match de football sans règles…
-Peu de moyens, peu d’outils fournis. Travailler avec son ordinateur personnel, ne pas avoir de réseau virtuel privé ou de connexion internet stable, telle est la réalité de bons nombres de salariés sur le terrain.
-Instaurer et maintenir la Communication : Se rencontrer régulièrement est une règle aussi importante pour télétravailler efficacement ! Il vous faut chers managers en l’absence de proximité physique, plus que jamais, mettre en place d’autres actions pour rester en contact et échanger régulièrement avec vos collaborateurs (réunions individuelles et collectives via les outils digitaux, plateformes et logiciels adéquats)
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-Une direction des systèmes d’information peu avertie, voire pas prête. La DSI est un département essentiel qui possède l’expertise permettant la mise en place du télétravail. Force a été de constater le fait que les entreprises et leurs DSI ayant peu anticipé des situations de crise, ont dû agir dans l’urgence sans avoir été au préalable préparé à cet exercice. Certaines banques ont ainsi dû, du jour au lendemain, mettre en place un réseau virtuel privé pour leur centaine de salariés.
-Peu, voire pas de communication. Dans les faits, la lourde responsabilité a été transmise aux Directions des Ressources Humaines qui devaient, avec peu de moyens, réunir les conditions de la réussite. Mais le succès, le vrai, en vérité repose non seulement sur la Direction qui doit adhérer au mode de travail et porter sa vision mais également sur les Chefs de départements qui deviennent ainsi des ambassadeurs de cette conduite du changement. C’est aux managers d’instaurer et maintenir la communication.
-Un environnement de travail peu adapté. Entre le manque d’espace à domicile, les défis de connexion et l’esprit qui ne conçoit pas de manière efficace le travail à la maison, les défis ont été nombreux pour les salariés peu préparés au changement. En France, 54% disent ne pas avoir été suffisamment accompagnés, 43% déclarent ne pas disposer d'un espace de travail adapté et 48% être confrontés à des difficultés techniques. En absence de chiffres en Côte-d’Ivoire, nous imaginons un bilan encore plus lourd.
-Visioconférences ou zoom sur la vie privée du salarié. Des salariés interrogés ont accepté de partager leur ressenti sur la difficile, voire impossible, séparation entre vie privée et vie professionnelle. Certains clients se sont senti rois au point d’appeler les salariés à toute heure de la journée, même pendant les horaires habituels de pause.
-Tu n’es pas connecté (e)… tu ne travailles pas ! (le manager). L’intrusion dans la vie privée peut se faire de manière plus détournée, subtile, lorsqu’il faut absolument que la caméra soit allumée « pour s’assurer que le collaborateur travaille ». De plus, de nombreux cas d’épuisement professionnel de salariés ont été reportés ces dernières semaines. Par manque de confiance et de bienveillance, certains managers sont devenus intrusifs.
-Baisse de la productivité et de la performance. Effectivement, le contexte n’a pas aidé. Pour le salarié en manque de motivation et d’organisation, pour qui les conditions de la réussite n’étaient pas réunies, il a obligatoirement été plus compliqué d’atteindre ses objectifs.
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-Mode de travail inadapté pour certains métiers et secteurs d’activité. Certains secteurs tels que l’industrie ont pu difficilement avoir recours au télétravail pour une partie de leurs salariés, entrainant ainsi une vague de frustration. Il est, par exemple, compliqué de faire télétravailler un ouvrier impliqué dans une chaine de production… Un système de rotation a donc été mis en place pour respecter les mesures de distanciation sociale.
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