
Après
l’épisode du renouvellement du bureau du CNPM ayant entrainé la crise actuelle,
« un comité de crise » présidé par Monsieur Soya Golfa (pourtant membre
de la liste du Président sortant Mamadou Sinsy Coulibaly qui revendique la
légitimité) appelle « tous les groupements professionnels et organisations
patronales à se mobiliser pour prendre leur destin en main ». Ce comité dont
la neutralité est sujette à caution, a organisé une conférence de presse le
jeudi 11 février 2021.
Cinq mois après
l'éclatement de la crise du CNPM et à la suite de leur mémorandum du mois
dernier annonçant la mise en place d’un comité de crise et d’un organe de
transition à la tête du CNPM, les conférenciers prenaient de nouveau la parole
pour annoncer leur engagement à poursuivre le processus amorcé. Pour son
Président Soya Golfa, (un des premiers symboles des symptômes de la crise car siégeant
de manière discontinue au sein du bureau du CNPM depuis sa création), cette
initiative vise « à faire adhérer les deux camps pour une sortie de crise
définitive ».
Si dans le principe, une telle initiative est louable, elle souffre d’emblée du profil de ses initiateurs dont Soya Golfa, Boubacar H Diallo, Sidi Dagnoko Mme Cissé Fatoumata Kouyaté pour ne citer que ceux-là, qui sont tous membres du bureau autour du Président sortant qui revendique devant la justice la victoire.
Lire aussi : Partage d’expériences en milieu professionnel :« Editions Mémoires de Managers » lance sa première œuvre
Le second problème concerne
la légitimité même d’une démarche qui déclare être initiée au nom de « tous les groupements
professionnels et organisations patronales » en l’absence de toute
concertation ou assentiment de ces derniers dans leur ensemble.
Enfin, le plus troublant semble
être la légalité de la démarche. Au moment où le contentieux est devant la
justice, peut-on désigner un organe de substitution pour prendre en main la
situation ?
Dans le doute, nous nous
posons les questions suivantes :
-
Comment mettre en place un comité transitoire composé
exclusivement de membres d’un seul camp et vouloir réussir sa mission ?
-
Sur quelle base peut-on affirmer que les signataires
du mémorandum, à savoir les regroupements professionnels et conseils régionaux
sont majoritaires au sein du secteur privé malien en l’absence de toute
concertation représentative de l’ensemble de ces acteurs ?
Dans notre quête d’avis
contradictoires, notre démarche auprès de représentants du bureau présidé par
le Président Diadié Sankaré, nous a permis d’avoir quelques éléments réponses quant
aux chances de réussite selon eux de cette mission.
S’ils estiment louable toute initiative de recherche de solution de sortie de crise, il n’en demeure pas moins que la démarche des auteurs est jugée cavalière à leurs yeux. « Au moment où nous attendons les décisions de justice, certains se lèvent pour mettre en place une solution, c’est quand même osé ? Toute initiative de notre part sera conforme aux lois et règlements en vigueur dans ce pays » estiment-ils. Ils se disent prêts à recevoir les initiateurs et à les écouter. Ils restent également disponibles pour ouvrir leurs bureaux à tous pour un travail collégial dans l’intérêt exclusif du secteur privé malien.
Lire aussi : Afterwork Challenge Ouaga,Des indemnités de fin de carrière pour les entreprises
Selon le Président Diadié
SANKARE lui-même, « il est temps d’arrêter les petites combines et
arrangements et de penser à un vrai patronat. Le patronat doit être l’affaire
des patrons et non des seuls groupements professionnels montés de toute pièce
et ne reposant sur aucun critère mais qui décident à la place des vrais patrons ».
Il poursuit en ces
termes : « Je lance un appel à tous les chefs de l'entreprise du Mali, aux
PME, aux grands groupes, quels que soient leur taille et leurs secteurs
d'activité, afin qu'ils me soutiennent et s'associent à moi pour tout remettre
à plat et monter un vrai patronat malien ». L'objectif de cet « appel » serait :
de réhabiliter le patronat « sali » par cette crise, de faire le ménage, enfin
de ramener « l'éthique et la transparence » au cœur des pratiques patronales au
Mali.
Un changement chez les
industriels
Au même moment, nous
apprenons qu’un changement s’est opéré au sein de l’Organisation Patronal des Industries
(OPI). Monsieur Cyril Achcar remet le témoin à un nouveau président, confirmant
ainsi qu’une transition est bien possible sans heurt.
A la présidence de l'OPI
depuis des années et membre sur la liste contentieuse du Président sortant
Mamadou Sinsy, Monsieur Achcar, conscient du poids de l'OPI n’a pas hésité à se
retirer confirmant ainsi sa grande sagesse malgré son jeune âge.
Quels sont les vrais défis du Patronat malien en crise ?
Le CNPM à l’origine était un groupement d’employeurs car il n’existait pas
de véritables chefs d’entreprises à l’époque ni de grandes entreprises.
Aujourd’hui un patronat devrait être un groupement de « patrons »
de grandes entreprises ayant pour mission de discuter et de défendre leurs
intérêts face aux autorités.
La crise actuelle est née du fait que les électeurs pour la plupart
n’étaient pas des vrais « patrons » mais plutôt des délégués désignés
au sein de groupement professionnels et conseils patronaux de régions.
Alors que dans les autres pays, le patronat est réservé aux entreprises avec
des droits de vote qui sont fonction du poids économique de chaque membre, au
Mali aucune grande entreprise ne dispose à ce jour de droit de vote au CNPM.
Le second problème réside dans le profil même des « patrons ». Un
responsable d’une entreprise publique ne devrait pas siéger dans le bureau du
patronat car il n’est pas libre de ses décisions.
Tels sont là quelques défis majeurs qui se posent aujourd’hui à notre
patronat national et dont la prise en charge pourrait contribuer à ouvrir des
pistes de solutions à la crise actuelle dont notre pays se passerait volontiers
compte tenu du contexte.
Amadou Tamadou
Vous pouvez partager cette publication!