"Une formation n’a de sens que si et seulement si elle répond à un besoin réel de l’apprenant sinon…" Alexis N’Guessan-Zoukou Expert en Management des Ressources Humaines - Spécialiste de la Formation Professionnelle

Expert en Management des Ressources Humaines - Spécialiste de la Formation Professionnelle

La formation présentielle est aujourd’hui en berne pendant que la formation en ligne (digital learning) est de plus en plus en vogue. est-ce une simple logique ou une nécessité, vu qu’on était préoccupé par le Coronavirus ? 

Selon Wikipédia, La notion de digital Learning désigne la présence du numérique dans les contenus de formation, que cette dernière soit en présentiel (en salle) ou en formation en ligne. Elle est directement liée à l’omniprésence des nouvelles technologies dans la société, aussi bien dans la vie personnelle que dans la vie professionnelle. Ainsi définie, nous nous accordons tous sur le principe de la réalisation de formation autrefois appelé formation en ligne évitant les contacts humains et la présence du formateur et des apprenants en un même lieu et ou salle mais avec l’introduction omniprésente des NTIC. En effet, avec la crise sanitaire de la COVID-19 qui a porté un coup à l’économie mondiale en imposant aux Etats la fermeture des frontières, le seul moyen à la disposition des entreprises pour être en contact avec les salariés et autres collègues reste les NTIC. Cependant, cette crise sanitaire ne devrait pas entraver la bonne marche de l’entreprise qui a une obligation de maintenir un niveau élevé en matière d’investissement en capital humain. Cette crise est vécue et se vit différemment selon la situation géographique des uns et des autres. Tous les grands groupes ont mis en place des comités de crise sanitaire COVID-19 pour faire, de manière hebdomadaire, des points qui sont surtout des partages d’expériences et de bonnes pratiques pouvant aider à anticiper l’augmentation des cas dans certains pays. Oui, le digital learning, dans cette crise, a plus que jamais sa place ! 

La crise sanitaire plonge les entreprises dans une grande incertitude à court et moyen terme. Leur réflexe, réduire le budgets alloué à la formation. Croyez vous que ce soit une bonne idée ? 

Non, ce n’est pas la bonne solution car cela doit, indubitablement, s’analyser avec recul et objectivité en fonction du secteur d’activité. Une telle réaction dénote d’un certain amateurisme dans la conduite des affaires. En effet, en fonction de la nature du Business, cette crise, malheureusement, pourrait apparaître comme une aubaine pour certaines entreprises et malheureusement comme une « catastrophe » pour d’autres telles que celles qui exercent dans le secteur de l’hôtellerie, le voyage etc… On a assisté à la reconversion de certaines Pme qui se sont adaptées aux nouveaux besoins (masques, gel hydro alcoolique etc…). C’est en cela que l’on reconnait le vrai entrepreneur ; ce leader qui a le flair et qui sait saisir les opportunités. Dans tous les cas, cette situation, cette crise va passer, il faudra s’adapter. 


Pouvez-vous nous donner votre avis sur le digital learning ? Croyez-vous qu’elle pourrait prospérer après la crise sanitaire que nous vivons ?

Le Digital Learning est un outil qui existait déjà avant la crise sanitaire.  Cette crise est venue nous rappeler à tous que la présence des uns et des autres réunis en un seul endroit n’est pas toujours nécessaire. De nombreux groupes, dans une démarche de gestion de coût, utilisent depuis de nombreuses années les webinaires pour des sessions de formations. Certaines possèdent des «  Académies  » internes offrants des formations en ligne pour leurs salariés ; leur délivrant ainsi des certificats internes. Au regard de tout ce qui précède, nous pouvons affirmer que le digital Learning a encore de beaux jours devant lui… 

Les fournisseurs de digital learning tentent de convaincre les  directions formation  que leur offre, catalogue et services, est à même de répondre à leur besoin de maintenir le lien et les compétences. Vous y croyez ?

Dans une certaine mesure, ces fournisseurs qui restent des vendeurs de solutions, n’ont pas tort. Toutefois, dans des cas de formations locales où tous les acteurs sont présents localement, la formation en présentiel reste une méthode plus pédagogique à conserver. Je ne saurais dire ici que ce n’est pas le spécialiste en formation qui parle (ma spécialité étant la formation professionnelle) mais lorsque l’apprenant est en face de vous, à vos côtés, l’interaction permet de mieux s’appesantir sur certains points qui parfois nécessitent qu’on s’y attarde un temps soit peu. 


On accorde une énorme place aujourd’hui au digital learning du fait notamment de l’existence d’opportunités réelles. Cependant, est-ce pour autant que le risque de désillusion est à écarter définitivement ? Quels sont les risques auxquels cette méthode de formation peut-elle exposer le travailleur ? 

Les formations en ligne sont, le plus souvent, enfermées dans des créneaux horaires avec des délais pour satisfaire à certaines requêtes. Ce qui est totalement différents des formations en présentiel. Certaines personnes sorties de ces types de formations semblent être restées sur leur faim… Il est important de mettre en place toute la logistique nécessaire, avec éventuellement, la possibilité d’avoir des séances de «  rattrapage  » et ou des assistances particulières pour certains apprenants au risque de voir certains acteurs se désillusionner. Il est reconnu que tous les apprenants n’assimilent pas de la même manière et au même rythme ! une formation est dite réussie quand 95% des apprenants ont retenus l’essentiel et atteints l’objectifs qu’ils recherchaient en souscrivant à ladite formation. Sinon les travailleurs auront abandonné leurs postes de travail pour des journées de formation qui ne leur auront rien apportées, faisant ainsi perdre de l’argent à la société. 

Comment alors former pour maintenir le lien et développer des compétences en réduisant ces risques ? Avez-vous quelques précautions à proposer ? 

La formation c’est l’anticipation, c’est de la planification. Le phénomène de digital leaning influence les comportements de l’ensemble des acteurs de la chaîne d’apprentissage en amont, les équipes de professionnels spécialisés dans la création, la gestion et la diffusion de formations ; en aval, les salariés et autres partenaires qui sont les apprenants. Il est donc important que la cellule formation, le Direction Générale et les prestations de formation conçoivent ensemble les programmes de formations au regard des besoins réels des entreprises. Une formation n’a de sens que si et seulement si elle répond à un besoin réel de l’apprenant, sinon on aura gaspillé  de l’argent et du temps pour rien ! L’investissement en capital humain se fait dans le but premier d’accroître la compétitivité de l’entreprise tout en soutenant le niveau d’expertise des salariés. 


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