"Le digital s’impose désormais comme une nécessité dans la restructuration des activités…" Baro Abdou Ngaraki Responsable Administration et Ressources Humaines AVENI-RE

La formation présentielle est aujourd’hui en berne pendant que la formation en ligne (digital learning) est de plus en plus en vogue. est-ce une simple logique ou une nécessité, vu qu’on était préoccupé par le Coronavirus ?

Cette période de crise due à la maladie à coronavirus ou COVID 19 que nous sommes en train de vivre à amener les entreprises et organisations à travers le monde à réfléchir à de nouvelles stratégies pour garantir la continuité de leurs activités ainsi que la formation de leurs collaborateurs pour maintenir leurs compétences. Les mesures barrières prises dans le cadre de la prévention et la lutte contre la COVID 19 s’accommodent mal des réunions présentielles. Malheureusement, la formation n’est pas épargnée par ce phénomène. Les rencontres en ligne ayant été expérimentées avec succès par les responsables politiques, ainsi que les entreprises à travers le télétravail, le secteur de la formation a dû adopter cette solution appropriée. Cette pratique permet d’accéder aux contenus des formations en étant confiné, mais équipé d’une connexion internet, d’un ordinateur ou même d’un smartphone. Il était non seulement nécessaire mais urgent d’assurer la continuité du travail et de la formation en respectant les mesures barrières instaurées par l’Organisation Mondiale de la Santé et le gouvernement, afin de poursuivre les activités en télé travail comme ce fut le cas chez nous à AVENI-RE.

La crise sanitaire plonge les entreprises dans une grande incertitude à court et moyen terme. Leur réflexe, réduire le budgets alloué à la formation. Croyez-vous que ce soit une bonne idée ?

Aucun secteur n’est épargné par la crise sanitaire due au covid 19. Les indicateurs montrent l’ampleur de l’impact économique dans les entreprises, d’où cette nécessité de révision des budgets par certaines d’entre elles. Ne perdons pas de vue qu’à travers le monde, certaines entreprises ont déjà annoncé ou procédé à des licenciements. D’autres ont purement et simplement acté leur faillite. Les différentes mesures d’accompagnement adoptées par le gouvernement pour accompagner les entreprises sont révélatrices de la situation précaire dans laquelle elles se retrouvent. C’est dire que les réductions de budget s’avèrent pour certaines entreprises des solutions indispensables à leur survie.  L’idée à mon avis est plutôt bien sage pour éviter d’autres conséquences plus dramatiques par la limitation des pertes. Les entreprises vivent dans une grande incertitude à court et moyen terme. C’est dans la même optique que certaines mesures ont été prises par le gouvernement pour accompagner les entreprises et les familles à faire face à leurs obligations notamment le report des paiements des impôts et des cotisations pour les entreprises. Toujours au titre de ces mesures, certaines entreprises ont, quant à elles, instauré le chômage partiel, le travail en rotation. L’enjeu est d’éviter que cette crise sanitaire, qui a entrainé une crise économique n’aboutisse à une crise financière.

Pouvez-vous nous donner votre avis sur le digital learning ?


Croyez-vous qu’elle pourrait prospérer après la crise sanitaire que nous vivons ? Il y aura désormais un avant et un après COVID19. Nous serons obligés de réexaminer avec beaucoup d’attention nos habitudes et méthodes de formation dont le digital learning est une des solutions. Plusieurs raisons m’amènent à penser que le digital learning aura de plus en plus de succès, au détriment de la formation traditionnelle et classique, celle dite présentielle. Aujourd’hui, le e-learning nous propose des solutions efficaces pour faire face à la formation de nos collaborateurs et de maintenir le niveau de compétences des salariés qui est un enjeu important pour nous en tant que gestionnaires de ressources humaines. La numérisation se poursuivra et ne prendra pas fin avec l’éradication souhaitée de cette pandémie. Je crois que les chefs d’entreprises se demandent pourquoi ils n’avaient pas pensé à adopter ces solutions un peu plus tôt. Aussi indispensables qu’ils l’aient été pendant le confinement, les outils technologiques resteront nécessaire pendant et après la pandémie. Les raisons qui fondent ma conviction sur la survie du e-learning sont nombreuses : Il est plus rentable pour l’entreprise qui économiserait les frais de déplacements, d’hébergement et de séjour, sans compter les autres charges d’organisation telles que les locations des outils et de salles ; il ne demande pas une grosse logistique (un simple smartphone peut suffir) ; il est facilement adaptable pour le formateur et pour l’apprenant ; il réduit le temps de présence en salle de l’apprenant ; il est flexible, ce qui permet à l’apprenant de planifier son programme selon ses horaires ; il n’a pas de barrière géographique, ni de problème d’organisation dès lors que la plateforme de la formation est accessible ; son programme est facilement modifiable grâces aux TICS ; les outils de formation en ligne permettent de conserver les traces de la formation. Toutefois, il est important de noter que ce type de formation exige une bonne organisation et un bon investissement en temps et matériel de qualité (internet, téléphone, ordinateur, tablette……).

Les fournisseurs de digital learning tentent de convaincre les directions formation que leur offre, catalogue et services, est à même de répondre à leur besoin de maintenir le lien et les compétences. Vous y croyez ?

L’avènement des TICS a joué un rôle important dans cette transformation. La perpétuelle évolution fait que les entreprises migrent de plus en plus vers le digital learning. Cette pratique demande certes une aptitude, un accompagnement pour ne pas dire une formation, mais elle reste la plus efficace en cette période. Le digital learning fait face à une forte demande qui ne cessera pas de croitre. Comme indiqué plus haut, les chefs d’entreprises découvrent avec admiration, cet outil dont l’efficacité n’est plus à démontrer. Dès lors, l’on peut comprendre la logique des fournisseurs par rapport à leurs offres. Les compétences qui permettent de créer et d’enrichir les connaissances humaines vont prendre de l’importance et ceux-ci sont dans la continuité du besoin des dirigeants mais surtout pour les gestionnaires des ressources humaines que nous sommes et qui tenons au maintien de la compétence mais aussi du rendement du salarié. Le contexte de crise actuel nous amène à croire que l’offre des fournisseurs peut contribuer à résoudre certaines préoccupations qui existaient avant l’avènement du COVID 19 et qui se retrouvent résolues à présent.

On accorde une énorme place aujourd’hui au digital learning du fait notamment de l’existence d’opportunités réelles. Cependant, est-ce pour autant que le risque de désillusion est à écarter définitivement ? Quels sont les risques auxquels cette méthode de formation peut-elle exposer le travailleur ?

La situation actuelle nous oblige à nous isoler physiquement et nous avons rapidement trouvé des techniques pour maintenir la collaboration. La formation en ligne n’est pas en reste. Les solutions de digital learning sont une alternative vers laquelle on s’est orientée mais il est important de noter que cette méthode peut certainement exposer le travailleur à d’autres formes de risques.  La formation présentielle n’est peut-être pas d’actualité dans le contexte actuel, mais il demeure un important moyen de garder le contact physique en ce qui concerne le management, l’accompagne et le partage d’expérience. Cette méthode classique augmente le soutien et la collaboration entre les apprenants. L’interactivité pendant l’apprentissage reste important. Nous pouvons alors dire que les risques de désillusion existent. D’abord parce que l’objectif de la formation et le développement des compétences ne répond pas forcement aux attentes des apprenants. Ensuite l’ambiance, l’accompagnement physique et la proximité entre les apprenants ne sont pas au rendezvous. Le digital learning, dans sa pratique, exige une certaine précaution pour le travailleur, vu les risques auxquelles il peut l’exposer. Nous notons entre autres : Le mauvais choix du thème de la formation ; les apprenants peuvent ne pas bénéficier d’un accompagnement digne de ce nom encore moins d’un bon suivi ; la difficulté de l’apprenant de bien maitriser certains sujets, vu la distance ou le fait d’apprendre de manière indépendante ; la démotivation liée à la solitude ou au détachement d’une équipe ; pour ceux qui ne maitrisent pas le numérique, une formation en ligne peut être sources de stress  ; l'absence d’un intervenant pour répondre automatiquement aux questions est indispensable.

Comment alors former pour maintenir le lien et développer des compétences en réduisant ces risques ? Avez-vous quelques précautions à proposer ?

Le travail à distance est une véritable avancée. L’expérience devra être capitalisée afin que de nouveaux dispositifs soient établis. La transformation digitale dans la gestion quotidienne des outils s’est avérée très efficace dans le télé travail (Skype, vidéo conférence, zoom ……). Ces outils ont facilité une bonne implication et une bonne réactivité entre le personnel quel que soit leur localité et cela malgré le respect des mesures barrières et le confinement. Plusieurs précautions sont à noter : Il faut avoir des critères définis dans le choix des formations selon le besoin  ; vérifier que l’apprenant bénéficie d’un suivi et d’un bon accompagnement  pendant sa période d’apprentissage ; s’assurer de l’intégration de l’apprenant après sa formation dans l’entreprise ; Le temps de présence de l’apprenant doit être réel et respecté par ce dernier ; la bonne maîtrise du numérique et de la plateforme de formation ; l’implication de l’apprenant ainsi que son interaction avec le formateur ; l’occasion de créer des moments de partage pédagogique et de se concentrer sur les besoins précis des apprenants ; enfin, quand c’est possible, prévoir une séance présentielle pour clore la formation. Cette crise traduit la volonté de se projeter à court et à long terme et de construire le futur de nos organisations.

Le digital learning est-il une solution viable pour réduire les coûts de formation unitaires pour les entreprises ?

Depuis quelques jours, les entreprises essayent de reprendre le cours normal de leur activité en tenant compte de l’évolution que ces bouleversements ont sur les salariés mais, nous l’avons constaté, cette crise, nous met dans un contexte qui bouleverse notre environnement, nos organisations et chacun d’entre nous. Le digital s’impose désormais comme une nécessité dans la restructuration des activités, notamment lorsqu’il a fallu s’adapter aux transformations urgentes que nous a imposées le coronavirus ou covid 19. Comme le signifient les institutions économiques internationales, après cette crise, nous risquons d'aller vers une grande contraction économique. En conclusion, pour une sortie de crise efficace, nous devrons plus migrer vers l’innovation avec les TICS et le digital learning, car il est viable dans la réduction des coûts de formation unitaires pour l’entreprise mais il est aussi primordial face à nimporte quelle crise.  C’est la tendance actuelle, qui consiste à tirer parti du meilleur mais, mais il serait illusoire de penser que les deux méthodes de formations e-learning et formation présentielle puissent être dissociées. En réalité, elles sont complémentaires. 

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