Mahamadou Kébé Président Directeur Général Groupe ODJIKE, "Les crises viennent aussi pour nous former…"

En tant que manager, parlez-nous de votre état d’esprit en cette période de pandémie qui affecte gravement vos équipes et certainement votre business…

M.K : J’avoue que tout le monde entier est perplexe face à cette situation.  Ce qui fait que nous sommes naturellement dans une phase de réflexion parce que nous ne savons pas à quel moment la pandémie sera maîtrisée. C’est vrai que nous n’avons pas perdu le moral, mais en même temps, en tant qu’entrepreneur, nous essayons de voir la posture idéale à adopter et surtout observer l’évolution des choses avec les mesures prises par le Gouvernement. Sinon, nous continuons de travailler avec pratiquement le même volume de travail quotidien. Dans une telle situation, j’imagine qu’il faut trouver les mots justes pour rassurer les collaborateurs. Que leur dites-vous justement ?

M.K : Aux collaborateurs, j’insiste sur le fait de respecter les consignes édictées par le Gouvernement parce qu’il faut faire tout pour ne pas être des vecteurs de propagation de la pandémie. Je leur demande ensuite de faire le maximum de leur possible parce que la situation nous impose un réaménagement des horaires de travail pour tenir compte du couvre-feu. Ces horaires sont passés de 8h à 14h pour leur permettre de rentrer chez eux en toute quiétude. La consigne est donc de faire en 6h ce qu’ils avaient l’habitude de faire en 8h de temps. Cela va donc nécessiter beaucoup de concentration de leur part. Également en termes de consignes, nous demandons aux collaborateurs de ne pas s’alarmer face à la communication faites par les médias sur le coronavirus. La bonne nouvelle c’est que 80% de personnes infectées en guérissent. Nous faisons un effort en tant que manager pour que nos collaborateurs acceptent de venir travailler. Dans notre domaine d’activés, il faut absolument être présent sur les chantiers pour exécuter les prestations. Comprenez que pour nous, le travail ne peut pas se faire en ligne. Pour le moment, nous réussissons encore à tenir la route en espérant que cela va continuer dans ce sens.   Dans le contexte actuel, il était important de prendre aussi des mesures en rapport avec la gestion de la rémunération du personnel. Parce qu’assurer la viabilité du business reste une chose très complexe. Si nous rentrons dans une phase de confinement totale alors que nous sommes une entreprise de BTP qui n’est payée que sur la base des tâches effectuées, comme mesure palliatives, nous avons décidé que le personnel d’études en charge des dossiers d’appels d’offres puisse travailler depuis la maison. Et pour le personnel non essentiel, nous avons essayé de rattraper les congés annuels sur un ou deux ans en espérant ne pas arriver jusqu’au confinement total. Si tel était le cas, j’avoue que nous aurons nécessairement besoin d’un accompagnement bien structuré du Gouvernement parce que nous allons nous retrouver avec des charges salariales sans possibilité de facturation pendant tout le temps du confinement.       Je suppose qu’un confinement total comme mesure serait dommageable pour vos activités …

M.K : Absolument ! Mais pour le moment, nous ne sommes pas totalement impactés mais en fonction des mesures qui pourraient être prises en cas de propagation de la pandémie, cela peut être le cas malheureusement.  Alors, face à un tel tableau, il va falloir qu’il y ait des mesures plus corsées pour accompagner les entreprises. Nous prenons le temps pour nous projeter sur une période de 02 ou 03 mois en imaginant, au pire des cas, des scénarios catastrophes pour voir comment rester debout face à cette pandémie. 

Pour vous, de quoi dépend la survie d’une entreprise ?

M.K : Je pense que la survie de toute organisation est toujours basée sur les ressources humaines. Lorsque vous avez des hommes bien formés et convaincus qui s’épanouissent dans leur travail, ils ne peuvent que donner le meilleur d’eux mêmes pour le bonheur de l’organisation qui les a recrutés.

Si les mesures mises en place pour faire face à la crise s’avèrent payantes, certaines pourraient-elles être reconduites après la crise ?

M.K : Si nous obtenons, par exemple, les mêmes résultats avec un employé travaillant à la maison et qui arrive à monter des dossiers d’appel d’offres de qualité, il n’y a pas de raisons que cela ne soit pas adopté comme méthodes de travail. Cela pourrait nous faire économiser des frais de déplacement par une réorganisation structurelle de l’entreprise en dématérialisant une partie de leur temps de travail. Vous savez, les crises viennent aussi pour nous former à certains niveaux. Nous en sortons avec des habitudes, de expériences nouvelles...

Que retenez-vous comme enseignements de cette crise mondiale que nous vivons aujourd’hui ?

M.K : Nous réalisons aujourd’hui que nous sommes dans un monde fragile et que l’humanité doit se comporter avec beaucoup plus d’humilité. Nous avons été habitués à des crises avec des coups de fusils où les belligérants étaient identifiés. Mais aujourd’hui, nous nous retrouvons dans une situation où l’élément mortel peut venir de nul part. Nous disons alors aux uns et aux autres de rester beaucoup plus humbles et d’être à tout moment des modèles de probité parce que tout peut s’écrouler autour de soi du jour au lendemain.

Votre mot de fin…

M.K : Je souhaiterais encourager toutes les PME à faire continuellement des efforts pour essayer de survivre à cette crise. Si nous managers sommes atteints par le désespoir, c’est certain que nous allons briser la chaîne de salariés en créant plusieurs milliers de chômeurs qui n’auront pas d’autres opportunités d’affaires parce les contingences du moment font qu’ils ne pourront plus compétir à de nouveaux emplois. C’est à nous de demeurer dans la sérénité en nous réadaptant aux défis du moment et au Gouvernement d’accompagner les entreprises privées pourvoyeuses d’emplois afin qu’elles puissent continuer à rétribuer leurs employés.

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