"Nous avons décidé de maintenir l’accès à la formation" Eric Ahogny Directeur des Ressources Humaines Et Affaires Juridiques Groupe, CODIVAL, AIS, CODITRANS CI

La formation présentielle est aujourd’hui en berne pendant que la formation en ligne (digital learning) est de plus en plus en vogue. est-ce une simple logique ou une nécessité, vu qu’on était préoccupé par le Coronavirus ? 

La pandémie liée au coronavirus a bouleversé toutes nos habitudes et nous a tous plongé dans un climat d’anxiété. Nous avons dû repenser tous nos gestes quotidiens pour les adapter à cette nouvelle situation afin de réduire les risques de propagation de la maladie.  Mais nous avons aussi compris que le fait de focaliser toute notre attention sur cette pandémie pourrait non seulement contribuer à démotiver nos équipes mais aussi les affecter. L’une des options que nous avons retenue pour aider nos collaborateurs à surmonter cette situation est de maintenir l’accès à la formation.  La formation est un élément essentiel dans la vie professionnelle du travailleur puisqu’elle lui permet d’actualiser ses connaissances et d’acquérir de nouvelles compétences.  Nous estimons que le coronavirus ne doit pas constituer un frein à l’activité intellectuelle. Alors, la formation reste importante. 

La crise sanitaire plonge les entreprises dans une grande incertitude à court et moyen terme. Leur réflexe, réduire le budgets alloué à la formation. Croyez-vous que ce soit une bonne idée ?  

La crise sanitaire actuelle a plongé bien des entreprises dans des situations précaires ; les obligeant ainsi à faire des restructurations. Il est donc difficile d’avoir un avis tranché sur la question de la réduction budgétaire enclenchée par certaines entreprises, puisque les réalités et les modes de gestion  diffèrent. Ce qu’il faut noter, c’est que l’un des soucis majeur d’une entreprise est d’œuvrer pour sa sauvegarde, sauvegarde qui inclue le fait d’être à même de faire face à toutes les charges y compris les salaires. Alors dans sa quête de survie, l’entreprise explore les pistes dont elle dispose. 

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Pouvez-vous nous donner votre avis sur le digital learning ? Croyez-vous qu’elle pourrait prospérer après la crise sanitaire que nous vivons ? 

Le digital learning permet aux participants d’acquérir de nouvelles compétences en ligne. En cette période délicate, ce procédé d’apprentissage a l’avantage de réunir un grand nombre d’auditeurs tout en respectant les mesures barrières édictées pour freiner la propagation dde la covid 19. En plus de réduire les charges financières liées à une formation classique, il nous libère des contraintes liées aux déplacements. Mais le revers est qu’il ne permet pas de vivre cette convivialité générée par la formation présentielle et les auditeurs se laissent parfois distraire par leur environnement. Le digital learning n’est pas une innovation, cette méthode existait bien avant la survenue du coronavirus. Nous pensons qu’après la crise, la formation présentielle et le digital learning seront tous utilisés mais les nombreux avantages du digital learning pourraient faire de lui le favori. 

Les fournisseurs de digital learning tentent de convaincre les  directions formation  que leur offre, catalogue et services, est à même de répondre à leur besoin de maintenir le lien et les compétences. Vous y croyez ? 

Aujourd’hui nous sommes nombreux à avoir expérimenté le digital learning. Chacun a donc  pu se forger une opinion. Tout dépend de l’objectif à atteindre. Ce qu’on retient de façon générale, c’est que grâce à sa flexibilité et à son adaptabilité, il facilite l’accès à la formation et permet l’acquisition de compétences où qu'on soit : chez soi, dans les transports, en déplacement ou en vacances. Par contre, si pour maintenir les liens on doit comprendre entretenir les rapports cordiaux, c’est possible, peut être avec la création de réseaux d’échanges, mais nous émettons des réserves puisque dans nos cultures africaines les interactions physiques sont privilégiées. Or avec le digital learning il n’en existe pas. Il n’y a aucun contact direct entre l’apprenant et le formateur et entre les apprenants euxmêmes lors des échanges. 

On accorde une énorme place aujourd’hui au digital learning du fait notamment de l’existence d’opportunités réelles. Cependant, est-ce pour autant que le risque de désillusion est à écarter définitivement ? Quels sont les risques auxquels cette méthode de formation peut-elle exposer le travailleur ? 

Aucune méthode d’apprentissage n’est infaillible. Au fil du temps et en fonction des besoins, les utilisateurs et les précurseurs de cette méthode la perfectionnent en apportant des innovations. Ceci pour dire que si le digital learning ne s’adapte pas aux exigences  des utilisateurs et qu’il reste statique, le risque de désillusion n’est pas à écarter. Avec cette méthode d’apprentissage, aucun cadre n’est imposé. Le travailleur gère son emploi du temps à sa guise ; ce qui peut s’avérer compliqué puisqu’il n’a aucune pression, sa motivation peut en pâtir. 

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Comment alors former pour maintenir le lien et développer des compétences en réduisant ces risques ? Avez-vous quelques précautions à proposer ? 

Pour chaque formation, il est prépondérant d’établir une charte de bonne conduite et imposer le respect scrupuleux de celleci aux apprenants. En dépit de l’absence de connexion physique, il faut trouver le moyen de capter l’attention des apprenants et les inciter à participer et non à assister passivement à la formation. Il est aussi important d’adapter le contenu de la formation aux besoins des auditeurs.  Quant aux apprenants, ils doivent se focaliser sur leur objectif qui est d’acquérir des compétences, s’auto discipliner et aménager leur emploi du temps pour suivre la formation dans un environnement qui favorise la concentration et l’assimilation. 

Le digital learning est-il une solution viable pour réduire les coûts de  formation unitaires  pour les entreprises ? 

Le digital learning nécessite l’acquisition d’un matériel informatique de pointe pour éviter les bugs et les interruptions intempestives de réseau ou de connexion. Certaines entreprises préfèrent donc ne pas s’engager par ce qu’elles n’en ont pas les moyens. Mais pour celles qui font le choix de ce procédé de formation, il faut préciser que c’est une alternative qui permet un important gain de temps, réduit les coûts de formation et améliore leur rentabilité. 


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