"La crise sanitaire a été un mal nécessaire, surtout pour nos entreprises et institutions Africaines" , Christian Bossé Directeur général de la startup GESTHOREST

Christian Bossé, Franco-Ivoirien. Après ses études supérieures en informatique en France, il est recruté par Orange France dans le métier de la relation-client. Après 13 ans d’expérience, et désormais doté de qualités commerciales, techniques, relationnelle et de gestion, il décide de donner une nouvelle orientation à sa carrière en mettant ce savoir faire à la disposition de son pays d’origine, la Côte d’Ivoire. Il crée alors, avec le soutien de la région Ile de France et de Orange France, une start-up : GESTHOREST (gestion d’hôtel, restaurant et bar). « C’est la mise en place d’un logiciel de gestion 3 en 1 et est spécialisé dans l’accompagnement, la transformation digitale et la formation professionnelle. 


Gesthorest s’est spécialisée dans l’accompagnement des entreprises et institutions dans leur transformation digitale dans le secteur de l’hôtellerie et du tourisme. Pourquoi ces secteurs et pourquoi vouloir les digitaliser ? 

Le tourisme est un secteur très important pour le développement d'un pays. Il est la première source de devise pour certains. La Côte d'Ivoire regorge de nombreux sites touristiques à exploiter. Dans le souci de diversifier les sources de devises, le développement de ce secteur est un impératif. Il y a plus de 2400 réceptifs hôteliers en Côte d’Ivoire. 80 % sont des hôtels indépendants. Les 20 % sont des chaines qui ont débuté la transformation digitale. Les 80% sont restés en marge de ce processus ou du moins ne l’ont pas encore adopté. Par des outils digitaux, les hôteliers peuvent ainsi mesurer leurs indicateurs de performance, gérer les avis clients pour une expérience client incomparable, un gain de temps dans le processus de facturation, et une simplification du process au quotidien. Une institution digitalisée permettra la simplification des procédures et démarches administratives. En un clic, on pourrait obtenir son extrait de naissance au lieu de parcourir plusieurs centaines de kilomètres par exemple. 

La crise sanitaire plonge les entreprises dans une grande incertitude à court et moyen terme. Nombreuses sont celles qui ont réduit le budget alloué à la formation. Croyez-vous que ce soit une bonne idée ? 

Bien que le continent africain soit relativement épargné par la pandémie du Covid-19 tant par le nombre de contaminés que par le nombre de décès, la Commission des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) estime qu’en raison de cette pandémie, la croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) du continent pourrait tomber de 3,2 % à 1,8% en 2020. La solution n’est pas de réduire le budget mais de se réinventer en allant, par exemple, à la conquête de nouveaux territoires tout en capitalisant sur, les acquis. Et surtout mettre le digital au cœur de sa stratégie de développement. Il faut être un entrepreneur Humain et digital c’est-à-dire mettre l’humain et le digital au cœur de sa stratégie de développement.


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Pour vous qui avez également un cabinet de formation, que pensez-vous du digital learning (la formation en ligne) ? Comment entrevoyez-vous son avenir après la crise sanitaire que nous vivons ? 

L'investissement d'une entreprise dans la culture en ligne peut avoir un impact significatif sur la motivation des employés, ainsi que sur la rétention. Le digital-learning permet également aux employés de profiter d'une grande flexibilité, ce qui n'affecte en aucun cas leur emploi du temps chargé. Les formations en ligne mettent en valeur les principes d'autonomie, les collaborateurs se sentent responsables de la gestion de leur formation, les managers sont plus impliqués dans la formation, c'est eux qui collaborent dans la définition du plan des formations. La formation en ligne crée une implication positive de l'apprenant. Ce dernier doit agir se prendre en main et faire l’effort d’apprendre. Il a la responsabilité d'évoluer et d'augmenter son efficacité. Je crois en ce mode de formation qui est bien présent dans les pays développés. Nous devons l’adopter dans nos Pays Africains.

La crise sanitaire a révolutionné le monde du travail avec notamment l’intrusion et l’explosion du télétravail. Le digital a donc pris une part importante dans la continuité des activités durant cette crise. Je suppose que vous n’êtes nullement surpris par cette « prouesse » du numérique ? 

La crise sanitaire a été un mal nécessaire surtout pour nos entreprises et institutions Africaines. Les entreprises et institutions ont ainsi vu l’importance du digital pour la survie économique. Nous avons pu observer des Chefs d’Etat Africain et dans le monde qui organisaient des réunions stratégiques par visioconférence : Moins de déplacements, peu de documents imprimés, gain économique et environnemental. Les processus d’appel d’offre ont été digitalisée (plus besoin de se déplacer physiquement pour déposer son dossier de candidature ce qui est un sacré gain de temps et l’impact sur l’environnement est énorme. C’est un grand pas vers une nouvelle ère. 

Pour l’expert en numérique que vous êtes, quelle pourrait être la faiblesse du digital learning par rapport à la formation en présentiel ?

Une des principales faiblesses du digital learning est sans aucun doute le manque d'interaction. Le candidat est face à un ordinateur et il lui est impossible d'interagir avec le module. Une autre faiblesse est que le participant doit maîtriser les outils techniques sur lesquels seront présentés les modules. Il doit donc   se familier avec le fonctionnement de base d’un ordinateur ou encore d’une tablette numérique. Aussi, le digital-learning ne peut pas s’appliquer à toutes les matières. Pour les matières qui demandent plus de pratique ou qui sont davantage portées sur le subjectif, la méthode traditionnelle serait plus appropriée.


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On accorde une énorme place aujourd’hui au digital learning du fait notamment de l’existence d’opportunités réelles. Cependant, est-ce pour autant que le risque de désillusion est à écarter définitivement ? Quels sont les risques auxquels cette méthode de formation peut-elle exposer le travailleur ?

Le propre du e-learning est de se former seul ou du moins de manière indépendante. Or, sur certains sujets techniques, cela peut s’avérer difficile. Le travailleur qui s’est uniquement basé sur des e-learning pour occuper un poste ne saura pas répondre à certaines exigences, spécificités et techniques du poste. 

Le digital learning est-il une solution viable pour réduire les coûts de formation unitaires pour les entreprises ? 

Remplacer une formation en présentiel par une formation e-learning constitue une économie financière indéniable pour les entreprises. Des études ont estimé cette différence de prix : elle est de 35 à 60 %. Les organismes de formation e-learning, de manière générale, proposent leurs services à moindre coût. Mais plus encore, il est dû à l’absence de frais de déplacement et de location du matériel et des locaux, de frais de formateurs. Ces frais sont indispensables pour une formation en présentiel. La formation d’un personnel ne doit pas « souffrir » pour des raisons économiques: Pour réduire les coûts de formation, les entreprises peuvent avoir recours à des cabinets de formation agréés FDFP pour la formation de leurs salariés. Les formations dispensées par ces cabinets agréés sont subventionnées par le FDFP. 

L’invasion de la communication digitale dans la vie professionnelle et personnelle a certains effets pervers. Pensez-vous que les DRH, en tant qu’acteurs de la qualité de vie au travail (QVT), doivent-être les premiers concernés par la diffusion de bonnes pratiques et par la sensibilisation des équipes aux risques d’une utilisation inappropriée de la communication digitale ? 

Les outils digitaux mal utilisés peuvent avoir des conséquences dévastatrices sur leurs utilisateurs. Aujourd’hui, si vous candidatez pour un poste, les recruteurs vont jeter un coup d’œil sur vos profils liés aux réseaux sociaux. Si vous postez tout et n’importe quoi sur ces profils par exemple, vous risquez de passer à côté de pas mal d’opportunités. Les DRH feront juste un rappel des règles de bonne conduite. Mais la prise de conscience doit être en amont de l’embauche et individuelle. 

C’est implicitement une invitation aux DRH de diversifier leurs compétences, notamment dans le domaine du digital… 

Je dirai simplement aux DRH de mettre l’humain et le digital au cœur de leur stratégie de management.  










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