Certification par-ci, bonne gouvernance par-là ! Et si l’on décidait de faire certifier la façon de balayer les rues ? Il est à parier que bon nombre parmi nous, ne sauraient écouter cette chiche et subite visée d’intellectuels-managers. Tout le monde sera cependant d’accord si nous évoquons Mahatma Gandhi, père de l’indépendance de l’Inde qui lançait à ses militants : « Si le progrès est la loi, la discipline est l’instrument du progrès ». Aller à la certification du city cleaning à l’Ivoirienne conduit à en accepter la procédure qui se termine par l’enquête de satisfaction de la « clientèle ». Pour le constat, les compagnies chargées du ménage urbain s’ac quittent bien des aspects liés à la visibilité : chasubles fluo bien éclatants et le personnel, presqu’entièrement féminisé. Donc un puissant message sur la genderisation du secteur. Et puis, à la tâche, ces dames démontrent une constante envie de bien faire. On le voit, les parcelles sont tout à fait nickel quand elles y passent. Mais il y a d’étranges contradictions qui vont miner cette candidature. Déjà on doit pointer une discrimination supposée positive. Une faute flagrante contre l’égalité des sexes. Ces femmes sont, à la vérité, transformées en domestiques bien dociles du mobilier urbain. Leur secteur est miné par la mendicité. Sans gants ni bottes, elles manient le balai à manche ou celui, traditionnel de nos ménages. Certaines sont dotées de masques contre la poussière mais cet équipement souffre d’un manque de renouvellement. Et à la place de binettes pour traquer les herbes, elles sont flanquées de machettes. Sans salaires depuis des mois, elles continuent d’espérer et de braver la pénibilité du labeur. Illustration de la religieuse fidélité dont fait l’apologie l’écrivain Honoré de Balzac, dans « La femme de 30 ans ». L’absence des hommes dans ce métier ne provient-il pas de ces situations dégradantes et de la rareté des salaires déjà misérables ? Féministes outrancières, organismes des droits humains et autorités en charge du bien-être de la Femme ignorent pourtant cette détresse toute proche. Des contradictions, il y a encore ! La choquante collusion et la dangereuse collision avec la poussière tôt le matin, les risques d’accidents quand elles disputent la scène avec ceux qui se rendent au travail. Dans d’autres contrées cependant, les techniciens de surface sont presqu’invisibles. Des immigrés Algériens et Maliens ont ainsi rendu Paris propre sans ces nuisances. Les femmes, entre temps, avec une suprême décence, sont admises à opérer dans les administrations, hôtels, hôpitaux et cités. Pour un djossi qui peut revendiquer la certification. Quant aux nôtres ? Quittons la rue quand elles rependent les maladies. D’ail leurs en Afrique, lorsque vous balayez pendant que des personnes sont chez vous, c’est un signal sans équivoque pour les inviter à partir.
Clovis SEWA