
Personne-clé du ménage, la femme est l’étançon qui tient en équilibre le budget familial. Résister à la cherté de la vie, déjouer le piège des imprévus, tenir le challenge des projets par l’épargne…Tels sont les ingrédients de la soupe budget familial.
Dans la société ivoirienne tendue vers la modernité, mais où sont présentes bien de pesanteurs culturelles, la gestion du budget familial, telle qu’elle se décline aujourd’hui, est une brutale nouveauté pour de nombreux hommes. Recenser ses ressources et ses dépenses ; établir ses priorités ; gérer, contrôler, ajuster et prévoir pour l’avenir sont là, les objectifs du budget familial.
Pourtant, selon le niveau social, lettrés ou pas, mariés ou célibataires, traditionnalistes, libéraux, religieux, selon leurs professions, les couples n’ont pas la même compréhension et la même pratique du budget familial. Peu disposés à déclarer leur salaire à leurs épouses et à discuter d’égal à égal avec elles sur la situation du ménage, des hommes sont encore réticents à mettre entre les mains de celles-ci des sommes relativement importantes pour la gestion mensuelle de la maison. Dans bien des cas, la popote est donnée de façon cavalière par l’homme avant de partir au travail.
Cette méthode verticale de la gestion du foyer pour des hommes à faibles revenus a, parfois, des conséquences dramatiques. Ces derniers rentrent alors dans un cycle infernal d'endettement et d'humiliation avec les fameuses AVS (Avances sur salaires) à partir du 15 du mois. Du coup la femme méprisée au début du mois est sollicitée pour colmater les brèches à partir du milieu du mois. C’est parfois son petit commerce ou son génie dans la gestion qui permettra de sauver le ménage. De garder la tête haute. Mais, et c’est heureux, les lignes bougent. Cherté de la vie et précarité des foyers obligent, prise de conscience, les couples sont plus nombreux aujourd’hui qu’hier à se soumettre à la rigoureuse discipline du budget familial, à gérer leur ménage comme des entreprises. La petite révolution en la matière n’est pas tant l’intérêt que ces familles portent à la gestion de leur ménage, mais la prédominance de la femme dans la gestion dudit budget. Un pouvoir qui, il faut le dire, tient du rôle habituel de la femme dans la maison en tant que gestionnaire du foyer au quotidien. Mieux ! Ce leadership se renforce par le fait que les femmes, de plus en plus nombreuses à avoir des revenus conséquents, mettent la main à la poche pour faire tourner le ménage.
Elles tiennent fermement le cordon de la bourse pour le meilleur.
UN CHIFFRE
En Côte d’Ivoire, seuls 25% des ménages parviennent à gérer leur revenu de façon rigoureuse jusqu’à la fin du mois.