
Le Pari Mutuel Urbain (PMU) est une tentation à laquelle ont succombé de nombreux travailleurs. Simple manie du jeu, quête de sensations fortes, appât du gain facile… rien n’arrête les parieurs. Leur frénésie du jeu est parfois au détriment de leurs finances et de la stabilité de leur famille.
A une rue de la cité universitaire d’ Abobo II, la villa ravalée et peinte fraichement pourrait laisser penser qu’il s’agit d’un temple de prière comme il en foisonne à Abidjan. Mais là, il s’agit d’un temple d’une tout autre nature, celui du jeu. Les lettres qui se détachent en grands caractères sur la clôture l’indiquent très clairement. A 11 heures 30, le rythme des entrées dans cet espace aménagé pour le jeu s’accélère. Tous les bancs sont occupés ; des visages anxieux sont rivés sur l’énorme écran plasma incrusté dans le mur où tourne en boucle des courses hippiques. D’autres, frénétiquement, remplissent des formulaires de jeu ; Gonto Roger, un quadragénaire à l’apparence plutôt frêle croit dur à sa bonne étoile. Ce samedi, tous les signes, selon lui, s’accordent à lui promettre la cagnotte. Ce père de famille, agent des Eaux et Forêts est comme métamorphosé. Il est dans son élément dans ce lieu. Il sérine la célèbre chanson Zouglou de l’artiste JC Pluriel : «Cette année, c’est mon année». Ses voeux vont-ils se réaliser ? Seul Dieu sait. Mais les Gonto Roger sont légions à Abidjan. Ces pères et mères de famille, ces travailleurs, gagnés par la ‘’turfmania’’ confient tous les jours leur destin au hasard. Même si Kouao Martin Sapim alias Chucky Martin, pronostiqueurs professionnels, dans le milieu du PMU depuis 1994 à Yopougon, minimise la part du hasard dans ce jeu. Selon lui, il existe différents systèmes de jeu, l’objectif étant d’aboutir à l’arrivée des chevaux dans l’ordre, si possible, car le gain appelé cagnotte est reparti en fonction du nombre de personnes ayant joué la même combinaison : «Il existe trois facteurs dans ce jeu : la chance, l’argent, mais surtout ‘’le savoir jouer’’. En effet, il y a ceux qui tentent leur chance par hasard au jeu pour une raison quelconque ; les directeurs de société, les magistrats, les chefs d’entreprises qui ont une manière de jouer différente en misant énormément à coup de millions dans le but de gagner la cagnotte ; enfin, il y a ceux qu’on appelle les pronostiqueurs que vous voyez avec les documents.
Ceux-là ont la maitrise du jeu grâce aux recherches qu’ils effectuent. Je suis l’un d’eux. En tant que pronostiqueur, je vends des brochures qui ont une marge d’erreur de 10% environ.
C’est cela mon travail. Sinon, je ne joue pas», fait savoir Chuky martin, en mettant en garde les joueurs compulsifs.