Il y a encore quelques années, l’humain défini comme le cœur de l’entreprise supposait principalement le CLIENT : « Le client est roi » avons-nous encore l’habitude d’entendre.
Sur cette base, l’entreprise a jusqu’ici orienté sa stratégie sur l’attraction, la satisfaction et la fidélisation du client ; on parle de l’expérience client, la relation client, image de marque…
plus de clients, plus de parts de marché pour plus de chiffre (profit) : c’est la PRIORITE !
Cette politique de chiffre a malheureusement poussé les entreprises à appliquer des méthodes d’optimisation en se concentrant uniquement sur le pilotage de KPI (Key Performance Indicator) lié essentiellement à la production (aux objectifs) et à la supervision : on parle d’un Management au fichier Excel !
A cela s’est ajouté le développement des moyens techniques (NTIC) qui accroissent les exigences relatives à la vitesse de décision et de réaction mettant ainsi de plus en plus la pression aux collaborateurs ce qui entraîne une augmentation des taux d’intensité des risques psychosociaux (RPS) avec pour conséquence la recrudescence des pathologies telles que les maladies cardio-vasculaires, le diabète, la dépression…
Tout ceci nous amène à un constat amer mais clair : le management s’est déshumanisé !
Fort heureusement, nous assistons à une nouvelle tendance, celle du « care management » ou «management bienveillant » ou encore « management de l’humain » qui en plus d’être un concept noble a prouvé son efficacité de façon pérenne. Il consiste à redonner une place majeure à la dimension humaine de l’entreprise aujourd’hui reconnue comme un facteur majeur d’innovation et de pérennité autrement dit, un facteur de développement et de succès durable de l’entreprise.
Le collaborateur n’est plus un facteur de production anonyme mais un acteur du succès collectif : l’intérêt social est ainsi garanti au profit de toutes les parties prenantes.
On est donc tous d’accord qu’un climat propice à la vie au travail, de bonnes conditions de travail (QVCT), une prise en compte de l’équilibre vie privée / vie professionnelle, l’écoute, une bonne communication…sont autant d’éléments pour booster l’envie et le plaisir à l’ouvrage du collaborateur qui se sent ainsi intégré et valorisé. Il participe alors avec enthousiasme à la réussite du projet commun : l’ENTREPRISE.
Le concept n’est certes pas nouveau mais depuis que le capital humain est reconnu comme principal actif de l’entreprise, les DRH (Ressources Humaines) font place aux DCH (capital humain) et plus encore l’expérience collaborateur devient aussi importante voire plus que l’expérience client car le discours a tendance à changer. Ce n’est plus systématiquement « Le client est roi » mais plutôt « Le salarié d’abord, le client après » il paraît que ceci est la stratégie la plus fiable du changement qui conduit au succès.
Le contexte n’est donc plus favorable aux mercenaires d’entreprise qui voient les coûts et variables d’ajustement au lieu de voir des personnes, des collaborateurs, des associés… Ce changement s’inscrit dans une transformation de fond qui impacte bien évidemment directement les DRH mais aussi le management intermédiaire, nous parlerons de RH 4.0 #Didier ACOUETEY #RHMag Lomé.
Précisons que, à travers le management, c’est l’esprit d’entreprise dans sa globalité qui est concerné car, qu’il s’agisse du top, du middle ou du low, autrement dit, tant le directeur général que le stagiaire aspire à un climat social sain et agréable à vivre pour leur épanouissement. Bien évidemment, la qualité de vie au travail pour laquelle je me bats depuis six ans ne se résume pas à quelques séances de team building, ni à l’aménagement d’une salle de gym, de détente ou de yoga au sein de l’entreprise mais de toute une démarche qu’il serait trop long de détailler dans cet article.
Par ailleurs, le « care management » en plus d’être une stratégie de motivation, de rétention et de fidélisation des collaborateurs est un argument efficace voire incontournable pour se différencier et attirer les nouveaux/ meilleurs talents car aujourd’hui la séduction n’est plus unilatérale : on parle de la mise en valeur de la « marque employeur ». Pour tous ces avantages, la démarche QVT/QVCT fortement recommandée ne devrait plus être considérée de nos jours comme un luxe mais plutôt comme un levier de performance.
Je cite pour terminer :
1- André COMTE-SPONVILLE « Le management est réussi si les salariés sont heureux au travail, c’est-à-dire, se réjouissent de faire ce métier-là, dans cette entreprise-là, avec ces gens-là. Ce n’est pas la cerise sur le gâteau, ce n’est pas un supplément d’âme, ce n’est pas de la philanthropie, c’est le cœur de votre métier ».
2- Richard BRANSON « Prenez soin de vos salariés, ils prendront soin de votre business»