L’intelligence émotionnelle : Vers de nouvelles pratiques managériales ? Quelle est la place des émotions dans le leadership des managers en 2022 ? Gwendoline Monnier Ergonome et Psychologue du travail - Fondatrice du Cabinet Ergoview

L’intelligence émotionnelle est un nouveau terme que nous entendons de manière récurrente dans notre environnement de travail, à la radio ou sur les réseaux sociaux. Mais quelle est sa définition exacte, comment peut-elle concrètement aider les managers et leurs collaborateurs au quotidien et impacter de manière positive le management, les collectifs de travail et donc la performance de l’entreprise ?
Cet article vise à définir de manière précise l’intelligence émotionnelle, les émotions et la meilleure façon d’utiliser cette ressource innée dans le but d’améliorer les pratiques managériales.

Les émotions : quelle définition ?
Les émotions sont sous-représentées dans notre société et de manière plus prononcée dans les entreprises. Il est difficile d’en parler, ce sujet reste encore tabou. Dans l’histoire de la psychologie, le sujet des émotions est récent, nous n’en parlons que depuis 25 ans. Les émotions sont généralement définies comme un état affectif complexe, réaction subjective résultant de changements physiologiques ou psychologiques ayant une incidence sur la pensée et le comportement. En psychologie, ils sont associés à différents phénomènes, notamment le tempérament, la personnalité, l'humour ou la motivation. Selon David G. Meyers, psychologue spécialiste des émotions, "les émotions humaines impliquent "une excitation physiologique, un comportement expressif et une expérience consciente". Au cours de la dernière décennie, la théorie de l'intelligence émotionnelle a commencé à gagner du terrain. Ce type d’intelligence, qui a commencé à devenir populaire grâce à Daniel Goleman, a son origine dans la vision de l'intelligence du professeur Howard Gardner, la théorie des intelligences multiples. De nombreuses études affirment que l'intelligence émotionnelle est essentielle au bien-être des personnes, car la connaissance de soi, la régulation émotionnelle ou l'empathie ont une incidence positive sur le bien-être psychologique des individus, ainsi que sur leurs relations personnelles, leur développement professionnel ou sportif. Autrement dit, l’intelligence émotionnelle permet aux managers d’appréhender, d’analyser ses propres émotions et celles de ses collaborateurs favorisants ainsi davantage de coopération, de bienveillance, de développer un sentiment de bien-être au sein des collectifs de travail et donc favorisant plus de performance.


Comment utiliser cette ressource pour améliorer les pratiques de management dans les entreprises ?

Selon, Christophe Haag, professeur et chercheur à l’EM de Lyon « développer son intelligence émotionnelle peut aider à prendre de meilleures décisions, et à conjuguer performance et bien- être collectif ». Gérer ses émotions et celles des autres est l’une des clés de l’intelligence émotionnelle ; une capacité mentale qui permet de raisonner à partir de ses propres émotions. De nombreuses études démontrent qu’un individu émotionnellement intelligent est moins stressé, moins sujet au burn-out. Il prend aussi de meilleures décisions, particulièrement dans des situations complexes. Concernant les prises de décision, nous remarquons que les managers émotionnellement intelligents sont beaucoup plus à l’écoute de leurs propres émotions. Ils savent pertinemment que sans émotions, il est impossible de faire un choix. Ils savent suivre leur intuition, leur ressenti, qu’il soit positif ou négatif, et capter les informations nécessaires afin de prendre de meilleures décisions.
Le manager en 2023 devra certainement se doter de cette « soft skills » dans le but de mieux manager ses équipes demain. En d’autres termes, le manager devra se faire confiance et surtout faire confiance à ses équipes, il s’agit de pratiquer un management « bienveillant ». Mais concrètement, comment cela se réalise au quotidien ? Quels sont les bénéfices pour l’entreprise et les salariés de pratiquer un « management bienveillant » ? Un « management bienveillant » est basé avant tout sur cette « soft skills » tellement importante dans les entreprises aujourd’hui qui est le « savoir-être » car un manager gère des Hommes et il est nécessaire d’être humain. Il s’agit de se mettre à la place de ses collaborateurs, leur faire confiance, faire preuve de respect, être compréhensif et indulgent.
En entreprise, les principes de ce type de management reposent sur la confiance, la communication, donner davantage d’autonomie, de marges de manœuvres, de reconnaissance. Le manager bienveillant n’impose pas ses idées mais propose, il est transparent même dans le cadre de situations délicates. Il est exemplaire, propulse la cohésion d’équipe, est à l’écoute de ses collaborateurs et met son égo de côté au profit de l’intérêt collectif. Il rassemble ses équipes régulièrement pour les faire travailler ensemble, écouter leur avis et prendre des décisions. Il délègue aussi des tâches afin d’éviter de réaliser un micro-management gênant ainsi la prise d’initiatives et la créativité de ses collaborateurs. Les bénéfices sont multiples : une meilleure ambiance et un meilleur environnement de travail favorisent l’innovation, la créativité, la prise d’initiative, le droit à l’erreur et renforcent le sentiment d’appartenance à l’entreprise et in fine accroissent l’efficacité.
En ergonomie, ces différents bénéfices sont aussi appelés «facteurs protecteurs de la santé physique et mentale » des salariés puisqu’une solidarité naît, le collectif de travail sera ainsi plus soudé et ensemble ils pourront affronter les difficultés à venir. Ils régulent ainsi leur charge de travail au profit d’un meilleur équilibre vie personnelle-vie professionnelle. Les entreprises fidélisent leurs salariés, améliorent leur image de marque et réduisent leurs taux de turn-over et d’absentéisme. Finalement, tout le monde est gagnant .

En conclusion, les entreprises peuvent attendent de leurs « managers de demain » de développer davantage leur intelligence émotionnelle dans le but de comprendre leurs émotions, celles de leurs collaborateurs et de les réguler. Et ce, au profit d’une meilleure cohésion d’équipe et du bien-être des salariés. Il s’agit donc de travailler ensemble, main dans la main : direction, managers et salariés pour une meilleure prise en compte de la qualité de vie au travail favorisant ainsi la performance de l’entreprise

Gwendoline Monnier

Vous pouvez partager cette publication!

Voir aussi



whatsapp