07-12-2025
Analyses et études

Pourquoi les entreprises en Côte d’Ivoire doivent d’abord miser sur les talents locaux [PAPIER D’ANGLE]

En Côte d’Ivoire, beaucoup d’entreprises continuent de chercher des compétences à l’étranger, pensant que les talents internationaux sont plus performants. Pourtant, le pays regorge de jeunes diplômés compétents, motivés et prêts à relever les défis. Miser sur les talents locaux n’est plus seulement une option : c’est un choix stratégique qui peut bénéficier à la fois aux entreprises et à l’économie nationale.

 

Chaque année, des milliers de jeunes sortent des universités et écoles techniques ivoiriennes avec des compétences dans la tech, la finance, la communication ou l’ingénierie. Certains se distinguent même au niveau mondial. C’est le cas de Ismaël Aziz Bakayoko, jeune ingénieur ivoirien, qui a remporté en 2025 le premier prix mondial de la Huawei ICT Compétition. Des exemples comme le sien démontrent que les talents locaux peuvent rivaliser avec les meilleurs et qu’ils méritent d’être davantage valorisés.

 

Recruter local présente aussi des avantages pratiques considérables. Embaucher un collaborateur étranger implique des démarches administratives lourdes : visa, permis de travail, logement, adaptation culturelle… Un talent ivoirien, au contraire, connaît déjà le marché, la culture, les clients et les réalités du terrain. Il s’intègre plus rapidement et coûte généralement moins cher à l’entreprise.

 

Malheureusement, certaines entreprises locales continuent de privilégier les expatriés, pensant qu’ils apportent un “niveau supérieur” ou une image de prestige. Cette attitude freine la valorisation des compétences ivoiriennes et crée un déséquilibre : des jeunes talentueux se retrouvent sous-utilisés alors que les postes pourraient être occupés localement. Les entreprises ont donc une responsabilité directe dans le développement ou le gaspillage du capital humain national.

 

Au-delà de la performance, miser sur les compétences locales a un impact positif sur l’économie nationale. Cela soutient l’emploi, réduit le chômage et participe à la valorisation du capital humain. De plus en plus d’entreprises mettent en place des programmes de formation interne pour renforcer les compétences de leurs collaborateurs au lieu de recruter uniquement des expatriés.

 

Bien sûr, certains secteurs souffrent encore d’un manque de profils spécialisés et les formations disponibles ne correspondent pas toujours aux besoins des entreprises. Mais investir dans la formation continue et le développement des compétences locales peut combler ces lacunes.

 

Alors, nos entreprises sont-elles vraiment prêtes à faire confiance à l’excellence et au potentiel des talents ivoiriens pour construire l’avenir du pays ?

 

Emmanuel DJE BI