En Côte d’Ivoire, beaucoup
d’entreprises continuent de chercher des compétences à l’étranger, pensant que
les talents internationaux sont plus performants. Pourtant, le pays regorge de
jeunes diplômés compétents, motivés et prêts à relever les défis. Miser sur les
talents locaux n’est plus seulement une option : c’est un choix stratégique qui
peut bénéficier à la fois aux entreprises et à l’économie nationale.
Chaque année, des milliers de
jeunes sortent des universités et écoles techniques ivoiriennes avec des
compétences dans la tech, la finance, la communication ou l’ingénierie.
Certains se distinguent même au niveau mondial. C’est le cas de Ismaël Aziz Bakayoko,
jeune ingénieur ivoirien, qui a remporté en 2025 le premier prix mondial de la
Huawei ICT Compétition. Des exemples comme le sien démontrent que les talents
locaux peuvent rivaliser avec les meilleurs et qu’ils méritent d’être davantage
valorisés.
Recruter local présente aussi des
avantages pratiques considérables. Embaucher un collaborateur étranger implique
des démarches administratives lourdes : visa, permis de travail, logement,
adaptation culturelle… Un talent ivoirien, au contraire, connaît déjà le
marché, la culture, les clients et les réalités du terrain. Il s’intègre plus
rapidement et coûte généralement moins cher à l’entreprise.
Malheureusement, certaines
entreprises locales continuent de privilégier les expatriés, pensant qu’ils
apportent un “niveau supérieur” ou une image de prestige. Cette attitude freine
la valorisation des compétences ivoiriennes et crée un déséquilibre : des
jeunes talentueux se retrouvent sous-utilisés alors que les postes pourraient
être occupés localement. Les entreprises ont donc une responsabilité directe
dans le développement ou le gaspillage du capital humain national.
Au-delà de la performance, miser
sur les compétences locales a un impact positif sur l’économie nationale. Cela
soutient l’emploi, réduit le chômage et participe à la valorisation du capital
humain. De plus en plus d’entreprises mettent en place des programmes de
formation interne pour renforcer les compétences de leurs collaborateurs au
lieu de recruter uniquement des expatriés.
Bien sûr, certains secteurs
souffrent encore d’un manque de profils spécialisés et les formations
disponibles ne correspondent pas toujours aux besoins des entreprises. Mais
investir dans la formation continue et le développement des compétences locales
peut combler ces lacunes.
Alors, nos entreprises sont-elles
vraiment prêtes à faire confiance à l’excellence et au potentiel des talents
ivoiriens pour construire l’avenir du pays ?
Emmanuel DJE BI