L’image des communautés humaines,
les organisations ont fini par s’accommoder d’un certain nombre de
comportements qui constituent des freins à l’évolution et au progrès. L’ethnie,
la tribu, la religion, la politique, ont fini par s’imposer comme critère de
choix, de sélection, de préférence, de décision, là ou d’autres valeurs comme
la compétence auraient dû prévaloir. Ces mauvaises pratiques rejaillissent sur
nos entreprises, car les décisions ne sont plus nécessairement marquées du
sceau de l’impartialité et de l’objectivité. Une telle situation ne peut
qu’engendrer des ressentiments dommageables pour le climat social et le
processus de production.
Il est vrai que cet état de fait pourrait être considéré par certains comme le résultat de nos atavismes culturels, mais il faut reconnaître que certains parmi nous agissent de leur plein gré, même s’ils n’assument pas toujours au grand jour leur « forfaiture » et autres contorsions. Phénomène tout aussi inquiétant, certains responsables et cadres déploient toute leur énergie à neutraliser d’abord leurs propres collaborateurs, puis, naturellement à se neutraliser, paralysant du coup le fonctionnement des structures. On assiste ainsi à des rivalités absurdes, donnant lieu à des querelles byzantines, au nom d’égos surdimensionnés, là où la mise en commun des intelligences et des efforts devrait être la chose la mieux partagée. Souvent, aussi étonnant que cela puisse paraître, certaines personnes qui confondent l’entreprise et leur milieu familial ou communautaire, refusent de se parler, mettant ainsi fin à la chaîne de production ou de « commandement » sans laquelle, aucune entreprise ne peut fonctionner. D’autres, tapis dans l’ombre de leurs contradictions congénitales prient ou agissent pour que des projets novateurs échouent tout simplement pour pouvoir moquer ceux qu’ils considèrent à tort comme leurs rivaux. Certains ruminent des frustrations mal contenues et attendent leur heure pour prendre leur revanche… Consciemment ou inconsciemment, beaucoup d’entre nous n’insufflent pas une énergie positive, mais mettent plutôt toute leur énergie à se neutraliser et à empêcher les forces de progrès. Conséquence, la cohésion sociale est mise à mal. Mais que faire pour vaincre ces forces d’inertie ? Cela revient forcément à poser la problématique du travail en équipe. Travailler en équipe en effet, c’est abandonner nos egos, nos égoïsmes, c’est se sublimer pour le groupe, c’est soutenir le projet d’ensemble et œuvrer au succès collectif. C’est abandonner en un mot, tous nos mauvais penchants, pour ne voir que l’intérêt de l’équipe et donc de l’entreprise. C’est à ce prix seulement que nous pourrions bâtir des entreprises fortes et performantes.
Eugène ZADI, Ex DGA de la CIE