La finance verte était au cœur de la formation
que vous avez suivie. Comment pourriez-vous définir cette notion et quelles en
sont les principales caractéristiques ?
Lorsqu’on parle de finance verte, l’on fait référence à l’environnement et
surtout à tout ce qui relève de la mobilisation de ressources contribuant
au financement de projets bénéfiques pour l'environnement. Aujourd’hui, la
problématique de la pollution de notre planète constitue une urgence
partagée par tous les gouvernements. C’est pourquoi les politiques économiques
actuelles inscrivent la protection de l’environnement comme priorité. Une chose
est d’inscrire la protection de l’environnement comme priorité, l’autre chose
et la plus importante consiste à mobiliser des financements pour donner du sens
à cet engagement.
En termes de caractéristiques, les plus importantes à mon sens sont
l’innovation et l’impact. L’innovation, au regard du potentiel de ressources
disponibles qui nécessitent des projets innovants et l’impact, parce que les
projets financés doivent contribuer à réduire l’impact carbone.
Selon vous, quels pourraient en être les
avantages pour la Côte d’Ivoire ?
Aujourd’hui, le dérèglement climatique est une réalité partout dans le monde et
notamment dans notre pays, la Côte d’Ivoire. C’est à effet que la Côte d’Ivoire
à accueilli en 2022 la COP 15 avec pour thème la restauration des terres
dégradées et l’agriculture du futur. Le thème de cette conférence, en lui-même,
met en évidence les avantages pour notre pays en termes de préservation de
notre agriculture, qui constitue un levier majeur du développement économique
de la Côte d’Ivoire.
Par ailleurs, plusieurs mécanismes et ressources relatives à la finance verte
existent au plan international. C’est autant d’opportunités de financement pour
notre pays permettant de concilier développement et environnement.
Pourquoi la CDC-CI a-t-elle décidé d'investir
dans le développement du capital humain de ses cadres, en envoyant notamment M.
DANHO suivre la formation certifiante CEMSTRAT2 d'HEC Paris ? Quels sont les
objectifs stratégiques de la CDC-CI derrière cet investissement dans la
formation de ses équipes ?
Il existe aujourd’hui plusieurs sources de financement et initiatives qui constituent
des alternatives nouvelles et additionnelles qui permettent de porter des
investissements rentables, durables et respectueux de l'environnement .
Cependant, ces sources et initiatives demeurent peu exploitées par les pays
africains.
A cet effet, la finance verte constitue pour la CDC-CI un levier important dans
le cadre de sa mission d’investisseur pour l’intérêt général, dans un contexte
financier de plus en plus marqué par les questions environnementales et
climatiques. En outre, disposer de compétences en la matière ne peut que
faciliter l’accès à ces instruments innovants.
Quels ont été les principaux modules ou thèmes
abordés dans le cadre du programme CEMSTRAT2 qui ont le plus contribué à
préparer M. DANHO à relever les défis de la finance verte en Côte d'Ivoire ?
La formation assez riche, fruit d’un partenariat BCEAO/ COFEB/HEC Paris, permet
aux dirigeants des établissements financiers et bancaires de renforcer leurs
capacités inhérentes aux problématiques d’actualités du monde de la finance. De
manière résumée, ce parcours est porté sur la performance et les compétences
permettant aux dirigeants d’avoir la capacité de cerner l’environnement
financier dans toutes ses dimensions. Il
met surtout en avant les connaissances relatives aux activités de financements
innovants.
Quels sont les principaux enseignements tirés
du mémoire de M. DANHO sur le thème "Comment la CDC-CI pouvait
soutenir les projets d'intérêt général en Côte d’Ivoire la finance verte"
?
En termes d’enseignements, il faut retenir qu’en investissant dans des
infrastructures vertes, la CDC-CI peut contribuer à la lutte contre le
changement climatique tout en générant des rendements financiers attractifs.
Cette approche favorise également la confiance des investisseurs et renforce la
responsabilité sociale de la CDC-CI en tant qu'acteur clé du secteur financier
ivoirien.
Un mot sur les principales recommandations qui
y ont été formulées ?
Il est recommandé que la CDC-CI exploite les opportunités de la finance verte.
Implémenter une stratégie de finance verte fera de la CDC-CI, un acteur
national de référence par la spécificité de sa mission d’investisseur d’intérêt
général.
Quels types de projets spécifiques la CDC-CI
pourrait-elle soutenir pour promouvoir la finance verte en Côte d'Ivoire
?Veuillez donner quelques exemples.
Dans le cadre du verdissement de son portefeuille de projets, la CDC-CI pourra
revisiter le potentiel de projets d’infrastructures vertes tirés du PND. Il
s’agit de projets de type biomasse, centrale solaire, foresterie et autres
infrastructures vertes contribuant à réduire l’empreinte carbone.
Quels sont les prochaines étapes envisagées
par M. DANHO et la CDC-CI pour mettre en œuvre les recommandations issues de
son mémoire et promouvoir davantage la finance verte en Côte d'Ivoire ?
De manière opérationnelle, la démarche pour le financement de projets d’intérêt
général par la CDC-CI via la finance verte devra être inscrite au niveau du
prochain cycle stratégique de l’institution. Le directeur général de la CDC-CI,
Monsieur Lassina FOFANA que je remercie sincèrement de nous avoir permis de
participer à cette formation, partage la vision proposée ainsi que les
recommandations proposées que nous projetons dans un horizon de court à moyen
terme.
Quels types d'instruments financiers verts (ex
: obligations vertes, prêts verts, etc.) la CDC-CI pourrait-elle mobiliser pour
soutenir les projets d'intérêt général liés à la transition écologique ?
Les pays développés ont promis en 2009 lors de la COP de Copenhague de mobiliser
100 milliards de dollars par an en 2020 en faveur des pays les moins avancés.
L’accord de Paris fait de ces 100 milliards un plancher destiné à être relevé.
Un nouvel objectif collectif chiffré d’aide financière sera présenté avant
2025. En termes de mécanismes, l’on peut citer :
• Les mécanismes de financement climatique de la CCNUCC :
Fonds vert pour le climat : financement pour les projets d’adaptation et
d’atténuation par subventions et prêts concessionnels ;
Fonds d’adaptation de l’ONU : financement pour les projets d’adaptation
par subventions ;
Fonds pour les pays les moins avancés : financement pour les projets
d’adaptation par subventions :
Fonds spécial pour les changements climatiques : financement pour les
projets d’adaptation par subventions :
Fonds pour l’environnement mondial : financement pour les projets
d’adaptation et d’atténuation par subventions et cofinancement.
• Les fonds pour les investissements propres
Fonds pour les technologies propres : financement pour les projets
d’atténuation par subventions, prêts concessionnels et garanties ;
Programme pilote pour la résilience climatique : financement pour les projets
d’adaptation par subventions et prêts concessionnels ;
•L’initiative de la BAD pour la finance verte : En 2021, la BAD et le
Global Centre on Adaptation (Centre mondial sur l’adaptation) ont mis en place
le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique, dont l’objectif est de
mobiliser 25 milliards d’USD pour financer des activités de résilience, allant
des technologies numériques intelligentes sur le plan climatique aux
infrastructures résilientes aux changements climatiques.