" La finance verte constitue pour la CDC-CI un levier important dans le cadre de sa mission d’investisseur"/Pierre-Ange Désiré DANHO,Secrétaire Général de la Caisse des Dépôts et Consignations de Côte d'Ivoire (CDC-CI)

La Caisse des dépôts et consignations de Côte d’Ivoire (CDC-CI) joue un rôle prépondérant dans le financement des projets d’intérêt général. Parmi les mécanismes de financement de ce type de projets, la finance verte se distingue. À cet égard, M. Pierre Ange Désiré DANHO, Secrétaire Général de la CDC-CI et diplômé du programme CEMSTRAT 2 de HEC Paris, a pu approfondir ses compétences dans des domaines clés tels que la finance, le leadership et la transformation stratégique, sous la supervision de M. Lassina FOFANA, Directeur Général de la CDC-CI.
Fort de cette expérience enrichissante, il a élaboré un plan opérationnel visant à aligner les activités de la CDC-CI sur les objectifs de la "Révolution Verte" en Côte d'Ivoire.

La finance verte était au cœur de la formation que vous avez suivie. Comment pourriez-vous définir cette notion et quelles en sont les principales caractéristiques ?
Lorsqu’on parle de finance verte, l’on fait référence à l’environnement et surtout à tout ce qui relève de la mobilisation de ressources contribuant
au financement de projets bénéfiques pour l'environnement. Aujourd’hui, la problématique de la pollution de notre planète constitue une urgence
partagée par tous les gouvernements. C’est pourquoi les politiques économiques actuelles inscrivent la protection de l’environnement comme priorité. Une chose est d’inscrire la protection de l’environnement comme priorité, l’autre chose et la plus importante consiste à mobiliser des financements pour donner du sens à cet engagement.
En termes de caractéristiques, les plus importantes à mon sens sont l’innovation et l’impact. L’innovation, au regard du potentiel de ressources disponibles qui nécessitent des projets innovants et l’impact, parce que les projets financés doivent contribuer à réduire l’impact carbone.

Selon vous, quels pourraient en être les avantages pour la Côte d’Ivoire ?
Aujourd’hui, le dérèglement climatique est une réalité partout dans le monde et notamment dans notre pays, la Côte d’Ivoire. C’est à effet que la Côte d’Ivoire à accueilli en 2022 la COP 15 avec pour thème la restauration des terres dégradées et l’agriculture du futur. Le thème de cette conférence, en lui-même, met en évidence les avantages pour notre pays en termes de préservation de notre agriculture, qui constitue un levier majeur du développement économique de la Côte d’Ivoire.
Par ailleurs, plusieurs mécanismes et ressources relatives à la finance verte existent au plan international. C’est autant d’opportunités de financement pour notre pays permettant de concilier développement et environnement.

Pourquoi la CDC-CI a-t-elle décidé d'investir dans le développement du capital humain de ses cadres, en envoyant notamment M. DANHO suivre la formation certifiante CEMSTRAT2 d'HEC Paris ? Quels sont les objectifs stratégiques de la CDC-CI derrière cet investissement dans la formation de ses équipes ?
Il existe aujourd’hui plusieurs sources de financement et initiatives qui constituent des alternatives nouvelles et additionnelles qui permettent de porter des investissements rentables, durables et respectueux de l'environnement  . Cependant, ces sources et initiatives demeurent peu exploitées par les pays africains.
A cet effet, la finance verte constitue pour la CDC-CI un levier important dans le cadre de sa mission d’investisseur pour l’intérêt général, dans un contexte financier de plus en plus marqué par les questions environnementales et climatiques. En outre, disposer de compétences en la matière ne peut que faciliter l’accès à ces instruments innovants.

Lire aussi :Stanislas Zézé, PDG de Bloomfield Investment Corporation :« Si le DRH ne peut pas exercer ses fonctions, il est temps de partir. »

Quels ont été les principaux modules ou thèmes abordés dans le cadre du programme CEMSTRAT2 qui ont le plus contribué à préparer M. DANHO à relever les défis de la finance verte en Côte d'Ivoire ?
La formation assez riche, fruit d’un partenariat BCEAO/ COFEB/HEC Paris, permet aux dirigeants des établissements financiers et bancaires de renforcer leurs capacités inhérentes aux problématiques d’actualités du monde de la finance. De manière résumée, ce parcours est porté sur la performance et les compétences permettant aux dirigeants d’avoir la capacité de cerner l’environnement financier dans toutes ses dimensions. Il
met surtout en avant les connaissances relatives aux activités de financements innovants.

Quels sont les principaux enseignements tirés du mémoire de M. DANHO sur le thème "Comment la CDC-CI pouvait  soutenir les projets d'intérêt général en Côte d’Ivoire la finance verte" ?
En termes d’enseignements, il faut retenir qu’en investissant dans des infrastructures vertes, la CDC-CI peut contribuer à la lutte contre le changement climatique tout en générant des rendements financiers attractifs. Cette approche favorise également la confiance des investisseurs et renforce la responsabilité sociale de la CDC-CI en tant qu'acteur clé du secteur financier ivoirien.

Un mot sur les principales recommandations qui y ont été formulées ?
Il est recommandé que la CDC-CI exploite les opportunités de la finance verte. Implémenter une stratégie de finance verte fera de la CDC-CI, un acteur national de référence par la spécificité de sa mission d’investisseur d’intérêt général.

Quels types de projets spécifiques la CDC-CI pourrait-elle soutenir pour promouvoir la finance verte en Côte d'Ivoire ?Veuillez donner quelques exemples.
Dans le cadre du verdissement de son portefeuille de projets, la CDC-CI pourra revisiter le potentiel de projets d’infrastructures vertes tirés du PND. Il s’agit de projets de type biomasse, centrale solaire, foresterie et autres infrastructures vertes contribuant à réduire l’empreinte carbone.

Quels sont les prochaines étapes envisagées par M. DANHO et la CDC-CI pour mettre en œuvre les recommandations issues de son mémoire et promouvoir davantage la finance verte en Côte d'Ivoire ?
De manière opérationnelle, la démarche pour le financement de projets d’intérêt général par la CDC-CI via la finance verte devra être inscrite au niveau du prochain cycle stratégique de l’institution. Le directeur général de la CDC-CI, Monsieur Lassina FOFANA que je remercie sincèrement de nous avoir permis de participer à cette formation, partage la vision proposée ainsi que les recommandations proposées que nous projetons dans un horizon de court à moyen terme.

Quels types d'instruments financiers verts (ex : obligations vertes, prêts verts, etc.) la CDC-CI pourrait-elle mobiliser pour soutenir les projets d'intérêt général liés à la transition écologique ?
Les pays développés ont promis en 2009 lors de la COP de Copenhague de mobiliser 100 milliards de dollars par an en 2020 en faveur des pays les moins avancés. L’accord de Paris fait de ces 100 milliards un plancher destiné à être relevé. Un nouvel objectif collectif chiffré d’aide financière sera présenté avant 2025. En termes de mécanismes, l’on peut citer :
• Les mécanismes de financement climatique de la CCNUCC :
 Fonds vert pour le climat : financement pour les projets d’adaptation et d’atténuation par subventions et prêts concessionnels ;
 Fonds d’adaptation de l’ONU : financement pour les projets d’adaptation par subventions ;
 Fonds pour les pays les moins avancés : financement pour les projets d’adaptation par subventions :
 Fonds spécial pour les changements climatiques : financement pour les projets d’adaptation par subventions :
 Fonds pour l’environnement mondial : financement pour les projets d’adaptation et d’atténuation par subventions et cofinancement.
• Les fonds pour les investissements propres
 Fonds pour les technologies propres : financement pour les projets d’atténuation par subventions, prêts concessionnels et garanties ;
Programme pilote pour la résilience climatique : financement pour les projets d’adaptation par subventions et prêts concessionnels ;
•L’initiative de la BAD pour la finance verte  : En 2021, la BAD et le Global Centre on Adaptation (Centre mondial sur l’adaptation) ont mis en place le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique, dont l’objectif est de mobiliser 25 milliards d’USD pour financer des activités de résilience, allant des technologies numériques intelligentes sur le plan climatique aux infrastructures résilientes aux changements climatiques.

 

Vous pouvez partager cette publication!

Voir aussi



whatsapp