
Retrouvez l'interview de Mme Myriam Dossou-D'Almeida Ministre du Développement à la Base, de la Jeunesse et de l'Emploi des Jeunes (TOGO)
Quel constat faites-vous face aux initiatives d’accompagnement des jeunes entrepreneurs dans le cadre des attributions de votre département ministériel ?
La
mission du ministère dans ce domaine est la mise en œuvre de la politique du
gouvernement en ce qui concerne l’emploi des jeunes. A ce titre, nous avons pour
mission de coordonner les initiatives des différents acteurs pour concourir à
la création d’emplois pour les jeunes, hommes et femmes en milieux rural et
urbain, notamment en facilitant leur accès au marché du travail et au
financement. Nous œuvrons en faveur de la réduction des taux de chômage et de
sous-emploi des jeunes par l’accroissement des opportunités d’emplois décents.
Nous veillons également à la prise en compte de la problématique de l’emploi
des jeunes dans tous les programmes et politiques de développement ou
d’investissement et à la mise en place d’un réseau de partenaires nationaux et
internationaux pour promouvoir l’emploi des jeunes.
J’ai tendance à
dire aux jeunes entrepreneurs qu’ils ont le mérite d’essayer même si la
plupart des cas se soldent par des échecs, mais cela ne doit, en aucun cas,
entamer leur volonté d’entreprendre et d’innover. Dans la majorité des cas que
nous avons eu à traiter dans le cadre des initiatives d’accompagnement du
gouvernement, les jeunes font très souvent, malheureusement, le choix de
l’entrepreneuriat par dépit. Ce qui est bien dommage. C’est aussi cela le rôle
du gouvernement, celui de tendre la main à des jeunes qui n’ont pas forcément,
soit le profil soit l’opportunité de saisir des emplois dont ils rêveraient.
A votre avis, quels sont les problèmes réels auxquels sont confrontées les PME ?
Pour
notre part, soulever les questions de financement, d’entrée de jeu, quand il
s’agit des problématiques des PME, peut-être, souvent un raccourci.
Outre les questions
de financement, la performance de nos PME réside en leur capacité à
mobiliser et à fidéliser leurs Ressources Humaines. Le turn-over des
collaborateurs observé au sein des PME les empêche d’atteindre un niveau de maturité. Notre
conclusion sur ce point est que la réussite de nos PME est basée sur deux
piliers : le potentiel de l’entrepreneur (soft skills)
et la gouvernance tant
financière que RH.
De quelles formations spécifiques les jeunes entrepreneurs ont-ils besoin pour réussir ?
Les jeunes ont besoin de vivre l’entreprise avant de s’y mettre, ce qui manque très souvent de notre point de vue. Cette posture suppose une connaissance parfaite de l’entreprise et cela ne se fait pas uniquement au cours d’un meet-up, lors des réunions ni au cours des formations de plusieurs heures. L’entreprise est un monde à part, avec son essence et ses règles où se mélangent culture, nature, humour, amour, émotions, etc. dont les jeunes doivent absolument s’imprégner. A cela, s’ajoute la fibre entrepreneuriale parce que si uniquement apprendre l’entreprise permettait d’être meilleur entrepreneur, nous serions certainement très nombreux à le devenir. Être entrepreneur ne se décrète pas, cela s’apprend de façon certaine ! C’est là où l’accompagnement doit permettre de mieux orienter les jeunes. Tous ceux qui bénéficieront d’un appui du gouvernement à travers les différents mécanismes ne finiront pas forcément entrepreneurs mais certains deviendront les collaborateurs d’autres entrepreneurs parce qu’ils auront appris à faire des choses.
Pensez-vous que nous devons développer de nouveaux modèles de jeunes entrepreneurs pour parvenir à l’épanouissement dans le monde de l’entrepreneuriat ?
Pour réussir une entreprise, ce qui fait la différence entre nos pays et d’autres, c’est l’information, la théorisation des pratiques, la disponibilité de l’information en quantité et en qualité pour permettre de faire le choix à chaque étape et de prendre des décisions optimales. La question de l’information est donc essentielle de notre point de vue. Aujourd’hui, beaucoup de progrès ont été faits au Togo en vue d’inciter les jeunes à entreprendre : les conditions de création d’une entreprise se sont assouplies, on peut facilement bénéficier d’un financement ou de diverses formes d’accompagnement.
Qu’en est-il des
notions de gouvernance pour les jeunes entrepreneurs ?
La gouvernance n’est pas uniquement la gestion sur laquelle beaucoup sont fixés. Il est essentiel d’aller au-delà. La mise en place d’un mécanisme de gouvernance sous-tend la structuration d’un processus de prise de décision efficace qui élimine une bonne part de subjectivité inhérente à la nature humaine. La gestion des risques fait partie intégrante de la bonne gouvernance. Une fois qu’une entreprise a atteint une certaine taille critique, il faut savoir ouvrir son capital à d’autres investisseurs, pas uniquement pour chercher des ressources, mais pour pouvoir partager les risques liés à l’entrepreneuriat et améliorer la gouvernance. L’entrepreneuriat, c’est le bon sens, la conscience du risque et l’acceptation de celui-ci !
Quid des questions liées au financement ?
Le
problème des jeunes entrepreneurs, très souvent,
vient du fait que le
financement de leurs activités repose sur des prêts. En effet, le jeune
entrepreneur qui commence à réaliser son rêve de créer une start-up, à l’aide
d’un prêt au départ de son activité, est généralement empêtré dans la
consommation de ce crédit. Généralement, celui-ci doit gérer des dépenses qui
ne sont pas forcément éligibles dans le cadre de ses activités. Finalement, le
moindre petit vent qui souffle, emporte ce dernier et l’entreprise avec. C’est
la raison pour laquelle la création d’une entreprise nécessite au départ des
fonds propres qui seront gérés avec beaucoup de minutie.
Ce n’est pas la faute
des jeunes s’ils ne réussissent pas
forcément tous dans
l’entrepreneuriat. Je pense
qu’il faut
repenser l’écosystème entrepreneurial en proposant de nouvelles solutions
qui puissent prendre en compte tous les risques, ceux non chiffrables à court
terme. Avec conviction, nous pensons qu’il est important
d’adapter les modes de financement à la nature des initiatives.
Les
financements des banques, dont
les entreprises ont besoin sous la forme qui existe depuis quelques années, ne
se sont plus forcément les options les plus acceptables ni les meilleures. Il faut
aujourd’hui des mécanismes qui
permettent, à la fois, de disposer de ressources mais aussi de consolider des fonds propres pour la
pérennisation de l’entreprise.
Votre mot de fin.
Nous pensons qu’il faut, en amont, construire l’entrepreneur avant même de passer à l’étape de la création d’entreprise. Tout devrait commencer par là. Il faut créer les conditions de la rencontre entre l’entrepreneur et l’homme. Se donner les capacités de transformer le jeune entrepreneur en véritable chef d’entreprise à même de construire une marque employeur capable d’attirer et de retenir de bons profils répondant aux enjeux de développement de la PME.
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