Les Rencontres Pays RHMAG TOGO / La problématique des ressources humaines est un axe prioritaire du Gouvernement - Gilbert Bawara Ministre de la Fonction Publique, du Travail et du Dialogue Social(Togo)

M. le Ministre, quelle est votre analyse de l’importance des RH aujourd’hui au sein de nos organisations ?

De nos jours, on s’accorde unanimement à dire que les ressources humaines font la force des organisations. Toutes les études le prouvent, plus on place l'homme au cœur de l'organisation, plus elle est performante. Vous pouvez avoir un projet bien ficelé, des ressources financières et matérielles disponibles mais, si vous n’avez pas les compétences ni les talents adaptés pour mettre tout cela en musique, ce sera peine perdue.
Je pense que nos organisations africaines ont d’importants besoins en ressources humaines de qualité. Les universités et autres établissements de formation dans nos pays francophones dispensent encore, malheureusement, beaucoup de théories qui ne sont en adéquation ni avec nos potentiels de développement, ni avec les besoins réels du marché de
l’emploi. Il faut trouver un maillon entre les jeunes qui sortent des centres de formation et le marché du travail pour les « capaciter », vous me permettrez ce terme qui n’existe pas en français (rire). Je souhaite ici mettre en lumière le caractère indispensable du renforcement de leurs capacités afin de les rendre plus opérationnels sur le marché de l’emploi.
Ici au Togo par exemple, nous avons de nombreux instituts de formation, des universités privées, etc. qui se créent et dont le contenu de la formation doit davantage et continuellement s’adapter aux réalités du monde professionnel.
Je crois donc que nous avons pour obligation de nous organiser afin de mieux envisager la préparation des jeunes des pays de la sous-région et du continent africain face aux réalités de ce monde global. En effet, tout ne s’apprend pas nécessairement à l’école ou à l’université, et ça les anglo-saxons l’ont très bien compris !


Seriez-vous prêt à accompagner des initiatives qui tendent à valoriser nos RH ?

Absolument ! C’est évidemment important d’encourager et d’accompagner toutes les initiatives, dans l’ordre de la formation, du renforcement des capacités et de la transformation des ressources humaines, qui peuvent permettre aux Hommes d’être davantage utiles à leur pays. Je voudrais à ce sujet, vous rappeler que la problématique des ressources humaines est un axe prioritaire du gouvernement. C’est d’ailleurs une question qui a été abordée lors du récent séminaire gouvernemental et sera à l’ordre du jour du prochain.


Au vu de vos enjeux de performance économique, quelles sont les mesures qui ont été prises pour développer le capital humain ?

La première mesure que nous avons prise a été une réorientation de notre système éducatif. Nous nous sommes rendu compte que les filières traditionnelles de formation, notamment dans les établissements de formation et les universités, ne préparent pas suffisamment à la vie active ; elles ne reflètent pas assez les attentes des acteurs de l’économie, les réels besoins ainsi que notre potentiel en matière de production, de croissance et de prospérité.
Nous avons donc opté pour la création d’instituts de formation en alternance pour le développement. Ce, à l’effet de former davantage les ressources humaines en fonction des besoins de l’économie togolaise par secteur d’activité. Au même moment, nous avons engagé une réforme de notre système universitaire pour qu’il puisse s’adapter aux métiers d’avenir. C’est très important d’aller dans ce sens sinon nos étudiants seront très vite en déphasage avec leurs connaissances.
Dans un second temps, nous avons pensé le renforcement et la réforme de l’Agence Nationale Pour l’Emploi (ANPE). Nous voulons que cette agence devienne une structure d’adaptation et de renforcement des capacités des jeunes diplômés vers des secteurs porteurs. Il y a donc un vaste programme qui sera conçu et mis en œuvre dans le cadre de
l’ANPE. Naturellement, il faudra aussi mobiliser le secteur privé dans la mise en œuvre de ce nouveau dispositif. Nous avons, pour cela, reformé le Code du travail où les stages et l’apprentissage occupent un volet important notamment à travers les exonérations de cotisations sociales pour encourager les entreprises œuvrant dans les différents secteurs de
l’économie à prendre plus de stagiaires sans avoir peur des implications fiscales et sociales. Ce sont là autant d’initiatives qui concourent à bâtir des ressources humaines de qualité, compétentes au service du développement et répondant à nos ambitions de croissance continue.


Pouvons-nous conclure qu’il y a un début de corrélation entre les enjeux de développement du Togo et le niveau d’accompagnement pour la transformation des ressources humaines ?

Nos ambitions étant extrêmement élevées, nous pensons que nous ne sommes même pas encore à la moitié de ce que nous envisageons en termes de réformes et d’innovations pour nous assurer que nous disposons d’un Capital Humain répondant à nos exigences.
Nous évoluons dans un contexte la Fonction publique, dans nos pays, ne peut plus, à elle seule, absorber les produits de nos universités et grandes écoles. Nous devons donc miser sur le secteur privé qui a besoin de ressources humaines plus adaptables. Nous devons pour cela nous assurer que les filières de formation de base sont assez solides, répondent aux besoins des entreprises et donnent des outils pour que les jeunes soient en mesure de se battre et s’adapter aux métiers actuels et d’avenir.
La COVID a foncièrement changé les habitudes et le mode de travail avec l’arrivée de nouvelles formes de travail notamment le télétravail ou le travail hybride.

Comment les entreprises au Togo sont-elles parvenues à faire face à cette situation ?

Nos pays africains y compris le Togo n’ont pas suffisamment développé le travail à distance mais à la survenue de la crise de la Covid-19, tous ont compris qu’il fallait s’adapter à de nouvelles méthodes de ravail. A ce jour, notre pays dispose d’un dispositif normatif du Code du travail qui consacre désormais formellement le télétravail et définit les obligations des parties prenantes en la matière. Avant même cela, dès l’avènement de la crise à Covid-19, un accord a été trouvé à travers la concertation et le dialogue entre le Gouvernement et les acteurs de l’économie, notamment le Conseil national du Patronat, la Chambre de commerce et d’industrie et l’Association des grandes entreprises du Togo,
permettant aux entreprises de prendre des mesures pratiques pour faciliter la continuité des activités. Il était évident que nos pays ne pouvaient pas se permettre de mettre certains secteurs d’activités en veilleuse. Il a fallu être ingénieux et souples pour permettre aux entreprises et aux travailleurs de revoir les modalités de travail dans la mesure du possible.
Aujourd’hui, nous essayons de développer davantage cette nouvelle manière de travailler même si cela signifie qu’il va falloir se doter d’infrastructures, d’équipements numériques et de fluidité de la connectivité. Vous ne pouvez pas, par exemple, demander de faire du télétravail et avoir une connexion Internet qui n’est pas adaptée (rire). Nous allons continuer à nous améliorer tout en sachant que certains de nos secteurs d’activité sont encore traditionnels et ne se prêtent pas au télétravail

 

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